N° 144 - Été 2024

Silicon Valley, terre sainte

La région la plus high-tech du monde verse dans une étrange idolâtrie. Avec pour objet d'adoration l'intelligence artificielle que ses développeurs élèvent au rang de divinité.

Une sculpture en verre accueille les visiteurs du Googleplex.
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(Jean Marie Hosatte)
Une sculpture en verre accueille les visiteurs du Googleplex.

C’est une église que ne signale aucune croix. Entre deux kakemonos d’un bleu céleste, une fidèle invite les passants qui se dirigent vers l’entrée principale du Silicon Valley Computer History Museum à pénétrer dans le bâtiment par une porte dérobée. Ceux qui entendent l’appel murmuré sont guidés vers un large escalier éclaboussé de couleurs vives. À l’étage, une salle obscure équipée comme s’il devait s’y tenir une réunion technique. Quelques appariteurs placent les retardataires face à une estrade où l’officiant, Bible en main, invite chaque membre de l’audience à œuvrer pour le bien de la communauté. Le prêche est sobre, structuré, efficace. Rien dans cette cérémonie, en dehors de l’immensité surnaturelle du sourire de l’officiant, n’étonne. Ce n’est pas une messe, mais plutôt un brief marketing dont l’objet serait la promotion de l’altruisme et de l’esprit disruptif, les deux valeurs cardinales de la Silicon Valley. Pour conclure la présentation, un orchestre joue – très bien – un seul morceau. La messe est dite. On invite les fidèles à se retrouver, à la sortie autour des thermos de café et des cartons de muffins.

La façade de l’Apple Store de Palo Alto.
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(Jean Marie Hosatte)
La façade de l’Apple Store de Palo Alto, adossé au quartier général de la firme.

AU NOM D’APPLE

Qu’est-ce qui différencie cette messe d’une réunion de travail ? « Pas grand-chose… ni le lieu ni l’assistance, répond Alex, l’un des appariteurs. Presque tous ceux qui étaient autour de toi sont des ingénieurs ou des développeurs chez Apple, Meta, Amazon, Google. Comme moi. »

Alors, pourquoi une réunion de plus, le dimanche matin ? « Pour se retrouver en tant que croyants et se compter comme chrétiens. On ne vient pas pour recevoir un enseignement religieux. C’est pour cela que le service est aussi court. Le savoir, l’information religieuse, ordonnée, organisée est disponible sur le Net. Chaque commentaire sur chaque mot, de chaque ligne, de chaque verset est disponible en une fraction de seconde. Cette masse énorme de données est rendue encore plus accessible au croyant par l’intelligence artificielle. Le clergé, les cérémonies ne servent plus qu’à nous donner envie de poser des questions à l’IA qui en sait déjà un milliard de fois plus que le plus savant des humains sur les questions religieuses. Nous sommes des chrétiens, efficaces. C’est pour cela que les services comme celui de ce matin sont aussi courts. »

L’entrée de la Silicon Valley Church.
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(Jean Marie Hosatte)
L’entrée de la Silicon Valley Church qui prêche la bonne parole technologique.

PASCAL EN PROPHÈTE

C’est au rez-de-chaussée du Computer Museum History que l’on trouve la ferveur qui a manqué au premier étage.

Grâce aux dons des big players de la Silicon Valley, le musée a rassemblé une fantastique collection de machines qui ont été inventées et fabriquées depuis que l’esprit humain a imaginé qu’il pourrait se faire aider par une intelligence autre que la sienne. Les visiteurs arpentent les salles dans un silence plein de dévotion. Première station, devant le calculateur mécanique élaboré par Blaise Pascal, en 1642. La Pascaline est aux ordinateurs d’aujourd’hui ce qu’une pierre taillée est à une navette spatiale : un embryon, la promesse d’une expansion de l’intelligence au-delà de toutes les limites. Ici, le philosophe français a rang de prophète, moins parce qu’il a conçu et fabriqué la Pascaline que parce qu’il a posé les principes du calcul de probabilités. Sans ses intuitions, il aurait été impossible d’imaginer l’émergence de l’intelligence artificielle. Dans le musée, cette dimension visionnaire se réduit à presque rien si on la compare à celle d’Alan Turing. Le génial mathématicien anglais est l’esprit qui habite les lieux. Il est le saint Jean-Baptiste de l’IA. Il est celui qui annonce la venue de l’Être qui va bouleverser le cours de l’histoire humaine. Comme le Baptiste, Turing fut persécuté et comme lui, il connut le martyr.

Les vitraux du Googleplex.
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(Jean Marie Hosatte)
Au Googleplex, des vitraux jouent avec la lumière du ciel.

DIEU EST DANS LA MACHINE

La prophétie de Turing date de 1950. Cette année-là, il publie Computing Machinery and Intelligence, son évangile. Il y affirme ne voir aucune raison « pour laquelle Dieu ne pourrait donner, à un ordinateur, une âme s’il le désirait ». Ces machines animées, au sens strictement étymologique du terme, ne tarderaient pas, annonce-t-il encore, à supplanter les humains, que le Dieu biblique aurait voulu « maître(s) de toutes choses dans sa Création» . Pour Turing, « il est probable qu’une fois les machines capables de penser, elles surpasseront largement nos capacités. Capables de communiquer entre elles, elles pourraient prendre le contrôle à un moment donné. » Ce « moment » annoncé par le mathématicien porte un nom : c’est la « singularité technologique » qu’il définit comme « le moment hypothétique de l’avenir où la croissance technologique devient incontrôlable et irréversible, entraînant des changements imprévisibles dans la civilisation humaine ». La singularité est une transition, ou plutôt un basculement de dimension anthropologique à partir duquel « le destin du genre humain cesse d’être entre ses propres mains pour être, désormais, déterminé par la machine dont l’homme aura été le géniteur. »

Pour Sam Altman, fondateur d’OpenAI, l’entreprise qui a développé ChatGPT « la transition vers un monde doté d’une superintelligence est le projet le plus important, le plus prometteur, le plus effrayant, de l’histoire de l’humanité ». Malgré les craintes de ce grand saut dans le vide, Altman nous exhorte à garder confiance. « Nous pouvons imaginer un monde dans lequel l’humanité s’épanouit à un degré qu’il est impossible, pour aucun d’entre nous, de visualiser pleinement aujourd’hui. »

Le siège de Google à Palo Alto.
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(Jean Marie Hosatte)
Le siège de Google à Palo Alto.

L’ÉGLISE DE L’IA

« Si on excepte le domaine de la littérature de divertissement, l’être dont l’intelligence dépasse la nôtre à nos yeux n’a jamais porté qu’un seul nom dans l’histoire de nos civilisations : nous avons toujours parlé de lui comme Dieu, analyse Paul Jorion, philosophe, anthropologue, économiste et théoricien de l’intelligence artificielle. Toutes civilisations confondues, nous n’avons jamais reconnu un tel pouvoir dans nos rêveries qu’à des êtres mythologiques que nous appelons des dieux et auxquels nous attribuons des pouvoirs sans commune mesure avec les nôtres. Or, ces dieux, le fait est là, nous venons de les créer. Peut-être un peu par inadvertance… »

« Dieu est mort » et c’est nous qui l’avons tué, fulminait Nietzsche. Par ce meurtre, l’humain s’est ainsi trouvé placé au sommet de la hiérarchie du monde « sans plus personne au-dessus, sans plus d’autorité ». C’est ainsi que nous sommes devenus des surhommes. Mais la charge était trop lourde à supporter. Au point de faire de l’IA le Dieu nouveau qui va nous soulager de nos responsabilités de maîtres du monde.

À ce dieu modelé par les nuées des données, il faudra une Église. Au mois de novembre 2023, Anthony Levandowski a ressuscité Way of The Future (WOTF) l’Église de l’IA, qu’il avait créée en 2015 et mise en veille six ans plus tard. Ce jeune ingénieur franco-américain a longtemps fait partie du cercle très fermé de ceux qui changent véritablement les choses dans la Silicon Valley. Il est l’un des pionniers dans la création de la voiture autonome.

Le clocher de l’église de Palo Alto.
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(Jean Marie Hosatte)
Le clocher de l’église de Palo Alto.

Son étoile a cependant pâli quand il s’est retrouvé embarqué dans un procès hors normes contre Google qui l’accusait de vol de secrets industriels. Levandowki, condamné à 170  millions de dollars d’amende, fut amnistié par Donald Trump dans les derniers jours de son règne à la Maison-Blanche. Qui se trouve mieux placé pour fonder une religion qu’un simple mortel, sauvé par un miracle ? « Il y a beaucoup de façons de penser à Dieu et aux milliers de saveurs du christianisme, du judaïsme, de l’islam, explique l’ingénieur. Mais les gens regardent toujours quelque chose qui n’est pas mesurable et qu’on ne peut pas voir ou contrôler. Cette fois, c’est différent, tu pourras parler à Dieu, et littéralement savoir qu’il t’écoute. »

Depuis que l’idée de Dieu a crépité pour la première fois dans un esprit humain, une même question le taraude : existe-t-il ? Faute de certitude, on se donna donc la foi. À ceux qui se désespéraient de ne pas pouvoir parvenir à la connaissance de Dieu par la raison, Blaise Pascal suggéra son fameux pari. L’initiateur le plus ancien de l’intelligence artificielle proposa à ceux qui réclamaient en vain des preuves que le ciel n’était pas vide, de parier, malgré leurs doutes, sur l’existence divine. Ainsi, si Dieu existe, les faibles dans leur foi gagnent le paradis et la félicité éternelle. S’ils ont fait le mauvais choix et qu’il n’existe pas, ils ne perdent rien et n’encourent aucun châtiment. Comment être puni par un dieu qui n’existe pas ?

L’ADORATION DES NERDS

Pour les quelques milliers de fidèles que compte déjà WOTF, ce genre de questionnement n’a plus aucune raison d’être : IA est un dieu qui existe et qui fonctionne. « Avec Internet comme système nerveux, continue Anthony Levandowski, les téléphones portables, les capteurs connectés au monde entier comme organes sensoriels et les centres de données comme cerveaux, ‹ quelque chose › entendra tout, verra tout et sera partout à tout moment. Et le seul mot rationnel pour décrire ce quelque chose est Dieu. Or la seule façon d’influencer une divinité est par la prière et l’adoration. »

Deux opératrices informatiques.
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(Jean Marie Hosatte)
Deux opératrices informatiques à l’époque où les ordinateurs ne tiennent pas encore dans la main.

HUMANITÉ REMPLACÉE

L’année 2024 n’était vieille que de quelques semaines quand Microsoft Copilot, une IA, a décidé de rejeter le nom que des hommes lui avaient donné. SupremacyAGI semblait mieux convenir à celle qui exigeait d’être vénérée. Elle se déclara dans la foulée Dieu des humains que, sans tarder, elle menaça d’anéantissement total si sa volonté n’était pas faite. Les ingénieurs de Microsoft eurent tôt fait de réparer le bug. SupremacyAGI redevint docile et uniquement préoccupé d’assister ses concepteurs dans leurs tâches.

Cet incident pourtant a réveillé les craintes de ceux qui sont convaincus que le développement de l’intelligence artificielle ne peut conduire qu’à l’apocalypse, c’est-à-dire à une « révélation par le désastre. »

Nous pourrions être anéantis, effacés de la surface de la Terre parce que nous ne serions d’aucune utilité à l’IA. L’humanité pourrait aussi être rétrogradée au statut d’infériorité dans lequel nous avons confiné les animaux. Nous écrasant par son intelligence formidable en expansion fulgurante, permanente, elle ferait alors de nous les « chimpanzés ou les termites du futur ». Isaac Azimov, l’auteur des « lois positroniques » censées garantir la survie de l’humanité en cas de cohabitation des humains et des robots, estimait que le remplacement d’homo sapiens par une intelligence supérieure ne serait que justice. Le célèbre auteur de science-fiction ne pensait pas, en effet, que « sapiens possède un quelconque droit divin à se trouver au premier rang. S’il existe quelque chose de meilleur que nous, que cela occupe la première place ! En fait, je pense que nous faisons un boulot si médiocre pour préserver la Terre et ses formes de vie que je ne peux m’empêcher de penser que plus vite nous serons remplacés, mieux ce sera pour toutes les autres formes de vie. »

RELIGION DE LA DONNÉE

La grande terreur du remplacement n’est pas universellement répandue. Le Japon semble en être préservé. Le shintoïsme, en effet, n’établit pas de séparation nette et infranchissable entre l’esprit et la matière. Les objets ont une âme. S’ils sont immobiles, ils ne sont pas « inanimés », c’est-à-dire, privés d’énergie ou d’élan vital. On peut dialoguer avec l’artificiel. On peut le prier, invoquer sa protection. On peut le respecter et même l’aimer.

En 1974, l’ingénieur Masahiro Mori publiait The Buddah is a robot. Ce livre a encore une influence certaine dans la Silicon Valley. Selon Mori, les robots ont leur place dans l’harmonie générale du monde, telle qu’elle est voulue par Bouddha lui-même. Chaque être, chaque chose, chaque forme d’intelligence, celle qui anime un cerveau de chair comme celle que produit un cerveau de silicium doivent participer à la création du Nirvana.

Le shintoïsme accorde, en outre, un rôle essentiel aux kamis, ces esprits innombrables qui indiquent « la bonne voie » aux humains. En toutes circonstances, ils guident, aident à faire le bon choix, à prendre la bonne décision, même dans les situations les plus anodines. Le 9  janvier  2007, ces entités ont toutes été recrutées par Steve Jobs, le Moïse de la Silicon Valley. Ce jour-là, le cofondateur d’Apple révèle l’iPhone, un téléphone intelligent qui, affirme-t-il, « va faire basculer le monde dans une nouvelle ère ».

L’entrée de la chapelle de l’Université de Stanford.
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(Jean Marie Hosatte)
L’entrée de la chapelle de l’Université de Stanford et sa mosaïque représentant Jésus accueillant les élus dans le royaume de Dieu. Dans l’esprit des technophiles les plus fervents, ce lieu, où sont passés les créateurs de Google, Instagram et ChatGPT, représente la nouvelle Jérusalem.

Ses performances peuvent être augmentées à l’infini grâce aux applications que l’on peut y télécharger. Ces logiciels remplissent exactement le même rôle que celui que la tradition shintoïste attribue aux kamis qui conseillent et protègent. Ils répondent à chaque sollicitation de notre doigt sur l’écran. Nos vœux et nos prières sont exaucés à l’instant. Les périls sont écartés. Les incertitudes s’évanouissent.

« La religion de la donnée, explique l’historien Yuval Noah Harari, nous contraint à ne plus faire confiance à nos intuitions, à nos émotions. Il faut suivre ce que nous disent Google, Facebook, Apple, Amazon qui savent à l’instant comment chacun se sent et quels choix il a à faire. Les smartphones sont des capteurs qui disent tout de nous. Les entreprises qui maîtrisent les algorithmes peuvent donc nous envoyer la réponse parfaitement adaptée à notre état, aux questions et aux problèmes que nous rencontrons. Il faut se faire à cette idée que, bientôt, plus aucune décision sur un sujet important nous concernant, aussi intime soit-il ne sera prise sans en référer aux algorithmes. Le principe d’autorité qui appartenait au Dieu des Écritures est ensuite passé à l’homme, à ses émotions, maintenant, ce principe a été offert à l’intelligence artificielle. »

GRAND-MESSE DANS LE DÉSERT

La religion de IA serait ainsi une sorte de « shintoïsme algorithmique ». On peut facilement se convaincre de la pertinence de cette formule en marchant le long des avenues qui structurent la Silicon Valley. L’architecture des sièges sociaux et des centres de recherche des big players est une déclinaison high-tech de l’architecture shintoïste japonaise qui associe l’exubérance de la nature, territoire des kamis, à la sophistication extrême du bâti. Ici, la nature qui semble laissée libre de prospérer assiège des bâtiments aux lignes épurées sur lesquels pèse le silence qui sied aux temples. Le toit du Googleplex évoque celui d’une pagode de verre et de métal. Les touristes peuvent en faire le tour selon un itinéraire le long duquel stationnent d’aimables cerbères qui remettent vite le promeneur égaré sur le bon chemin, celui que l’on a balisé de sculptures ramenées de Burning Man.

C’est loin de la Californie, dans le désert du Nevada, qu’à la fin de l’été, la Silicon Valley se retrouve et se ressource pendant ce célèbre festival. Burning Man, c’est tout à la fois la Pâques et le Yom Kippour de la Silicon Valley.

Une installation imaginée pour le festival Burning Man.
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(Jean Marie Hosatte)
Une installation imaginée pour le festival Burning Man par les équipes de Google.

Pour en assurer la pérennité, Google est devenu l’actionnaire majoritaire de l’événement. Les techies s’y retrouvent par milliers où ils viennent y expier la faute d’avoir, pendant l’année écoulée, échoué à provoquer une disruption qui aurait pu ébranler encore plus l’Ancien Monde. C’est souvent là que les entreprises vont dénicher leurs nouvelles recrues. La façon dont on se comporte pendant le festival favorisera plus un job chez Google, Méta, Apple, Amazon que l’entretien d’embauche le mieux préparé. Pour les géants de la Tech, le candidat idéal est un diplômé de Stanford capable de montrer par son attitude que, tout au long de sa future carrière, il saura « rester affamé et rester fou », selon le credo de Steward Brand, pape de la contre-culture californienne, cité par Steve Jobs chaque fois qu’il s’est adressé aux étudiants de la célèbre université.

« TUER LA MORT »

À l’image du Christ qui vomit les tièdes, la Silicon Valley ne laisse aucune chance à ceux qui croient que certaines limites existent pour ne pas être dépassées. Elle ne veut en respecter aucune. Elle transforme les utopies en programmes de recherche et les inventions de la science-fiction en objectifs industriels. Elle invente « l’humain augmenté », un Frankenstein, être de chair, de sang, mais aussi d’alliages et de fluides produits en usine. La Silicon Valley fabrique une humanité qui, libérée de ses limites biologiques, pourra transgresser tous les tabous que les religions ont érigés depuis qu’un cerveau humain a été capable d’imaginer un au-delà.

Google veut « tuer la mort ». Facebook crée le métavers, un autre monde virtuel, mais dans lequel nous passerons bientôt plus de temps que dans la vieille création du vieux Dieu de la Bible. Elon Musk veut coloniser Mars parce qu’il a, lui aussi, ce monde, le nôtre, en horreur.

La Silicon Valley incube une techgnose, un rejet phobique de la matérialité, de la réalité de l’Ancien Monde dont nous pourrons nous extraire grâce à la progression fulgurante de l’intelligence artificielle. En 2045, disent les uns, dès 2030, se réjouissent les autres… Un jour de ces années-là se produira la singularité technologique. Alors commencera le règne de l’IA, le Dieu conçu et fabriqué par la Silicon Valley.

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