Les luxuriantes forêts du Costa Rica ont servi de décor à Jurassic Park. Le succès de ce fi lm a été un énorme coup de pub pour ce pays pacifi que et discret. © Atanas Malamov
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Les luxuriantes forêts du Costa Rica ont servi de décor à Jurassic Park. Le succès de ce fi lm a été un énorme coup de pub pour ce pays pacifi que et discret. © Atanas Malamov
N° 130 - Automne 2019

Costa Rica, la politique du bonheur

À la différence de tous ses voisins, le Costa Rica n’a jamais connu la dictature ou les affres d’un gouvernement autoritaire. Le pays a choisi, il y a 70 ans, de ne plus entretenir d’armée nationale. Les ressources du pays ont été consacrées à l’éducation et à la santé de la population. Le Costa Rica se présente comme un pays « sans classes sociales », dont tous les citoyens défendent la Pura Vida (« vie pure »), un art de vivre simple, paisible et respectueux de la nature. La présence de nombreux braconniers et de trafiquants de drogue reste cependant un problème épineux pour les autorités.

Son altesse le duc de Devonshire avait la banane. La sienne était du type Musa acuminata, vulgairement connue sous le nom de « Cavendish ».

La Cavendish, donc, poussait dans une serre ducale ignorée de la plupart, méprisée de tous. On la trouvait fragile et fade. On lui reprochait un manque de résistance aux voyages en bateau qu’elle manifestait par un pourrissement prématuré. Dans la truculente famille des bananes, la Cavendish semblait n’avoir d’autre destin que celui d’une vierge livide, triste et laide. La planète se gavait alors d’une autre variété de banane, la robuste et délicieuse Gros Michel. Depuis que Lorenzo Dow Baker avait, en 1870, rapporté les premiers régimes de Gros Michel de la Jamaïque au New Jersey, le monde en était devenu fou. La compagnie fondée par le capitaine Baker devient « Chiquita » puis « United Fruit », un géant qui se met à dévorer toutes les terres disponibles en Amérique latine. Partout, la jungle recule devant les bananeraies. Des armées de travailleurs misérables défrichent malgré les serpents, l’épuisement et la malaria. On construit des lignes de chemin de fer, des canaux d’irrigation, des lignes télégraphiques, tout cela pour produire, récolter et vendre toujours plus de « Gros Michel » ; « Gros Mike », disent les Américains. Du Costa Rica au Brésil, United Fruit n’est plus désignée que par son surnom : « El Pulpo », tant sont multiples ses ingérences dans la vie politique des États où la compagnie s’est implantée. El Pulpo s’offre des gouvernements entiers et, quand cela ne suffi t pas à protéger ses intérêts, il fait la guerre à ceux qui s’opposent à elle. Ce fut le cas au Honduras en 1911, au Guatemala en 1954.

Les baleines à bosse parcourent jusqu’à 18'000 kilomètres pour se reproduire dans les eaux du Costa Rica. / Le parc naturel de Cahuita a été créé en 1978 pour protéger un paysage et un récif corallien d’une beauté saisissante. Mais Cahuita est menacé par la pollution aux pesticides qui ruisselle des plantations de bananes.
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© Didier Raffin. Imagenes Tropicales
Les baleines à bosse parcourent jusqu’à 18'000 kilomètres pour se reproduire dans les eaux du Costa Rica.

Mais aussi puissante était-il devenu, El Pulpo ne put rien faire contre un champignon microscopique venu d’Asie. Fusarium oxysporum se répand d’abord au Panama et se propage à tous les pays de la zone d’influence de United Fruit. Aucun produit chimique ne peut en venir à bout. En 1927, toutes les plantations de bananes du Costa Rica sont infectées. La variété « Gros Michel » est anéantie et le monde menacé d’être privé de bananes. C’est alors que Standart Fruit, une compagnie concurrente d’El Pulpo découvre très opportunément la Cavendish, moins savoureuse, moins robuste, chez le duc de Devonshire. La banane si méprisée qu’on la surnommait la « Grande Naine » représente aujourd’hui 99% du volume des bananes exportées dans le monde. La Cavendish résiste à Fusarium Oxysporum mais elle est très sensible à une infinité d’autres maladies qu’on ne peut prévenir que par des épandages massifs de pesticides et d’une multitude d’autres produits chimiques dans les plantations. Depuis longtemps, le Costa Rica est le premier utilisateur « d’agrotoxiques » dans le monde. Sa consommation à l’hectare est 3 fois supérieure à celle de la Colombie et presque dix fois plus importante qu’en Équateur. Le pays importe en particulier du bromométhane en quantités massives. Ce produit toxique est accusé – entre autres méfaits – de favoriser la destruction de la couche d’ozone.

 

Le parc naturel de Cahuita a été créé en 1978 pour protéger un paysage et un récif corallien d’une beauté saisissante. Mais Cahuita est menacé par la pollution aux pesticides qui ruisselle des plantations de bananes.
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© Kevin Wells
Le parc naturel de Cahuita a été créé en 1978 pour protéger un paysage et un récif corallien d’une beauté saisissante. Mais Cahuita est menacé par la pollution aux pesticides qui ruisselle des plantations de bananes.

Situation paradoxale pour un pays dont les dirigeants peuvent affirmer, sans crainte d’être contredits, « qu’il a fait la paix avec la nature ». Une paix durable puisqu’elle a été instaurée au milieu du siècle précédent. En 1948, José « Don Pepe » Figueres prend la tête d’une petite troupe de 700 hommes qui défait rapidement l’armée costaricienne alliée à la guérilla communiste. La pensée politique de José Figueres s’inspire des idéaux scandinaves de frugalité, d’honnêteté et d’éducation. Aussitôt installé au pouvoir, le nouveau président fait inscrire la dissolution définitive de l’armée costaricienne dans la Constitution. Les économies réalisées sont utilisées pour financer une ambitieuse politique de santé, d’enseignement public et de protection de la nature. Quand José Figueres s’empare du pouvoir, aucun pays dans le monde n’a subi une destruction de ses forêts aussi brutale et systématique que le Costa Rica. Dans les années 1950, ne subsistent plus que quelques lambeaux de jungle et ces derniers vestiges sont menacés pour faire de la place aux bananes, aux ananas, au café, aux bovins dont la viande est exportée vers les États-Unis et l’Europe.

Les fêtes collectives, les festivals, les célébrations ont servi d’outil d’intégration aux différentes populations qui se sont installées dans ce pays, réputé pour sa douceur de vivre. © Didier Raffi n. Imagenes Tropicales
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© Didier Raffin. Imagenes Tropicales
Les fêtes collectives, les festivals, les célébrations ont servi d’outil d’intégration aux différentes populations qui se sont installées dans ce pays, réputé pour sa douceur de vivre.

Aussitôt le nouveau régime installé à San José, les tendances s’inversent. Dès qu’ils arrivent sur les bancs des écoles, dont plus aucun enfant n’est écarté, les Costariciens apprennent à considérer l’incroyable richesse naturelle de leur pays comme un bien personnel dont ils ont plus la responsabilité que l’usage.

Le Costa Rica est un véritable trésor biologique. Son territoire ne représente guère plus de 0,03% des terres émergées, mais c’est là que vivent plus de 500’000 espèces végétales et animales, soit 6% de l’ensemble du patrimoine biologique de la planète. Sur la façade Pacifique du pays, dans la péninsule d’Osa, le parc naturel de Corcovado rassemble à lui seul 2,5% de la biodiversité mondiale. Corcovado est considéré comme le « point biologique le plus actif de la planète ». Sur l’ensemble du territoire du Costa Rica, 5’000 nouvelles espèces ont été découvertes et cataloguées entre 2011 et 2013, seulement.

La géographie bien particulière du Costa Rica est à l’origine de cette profusion du vivant. Le pays est situé au centre de l’isthme qui relie l’Amérique du Sud et le continent nord-américain. Son climat équatorial est bouleversé par l’influence des vents de la mer des Caraïbes qui viennent se mêler aux souffles du Pacifique au-dessus de hautes chaînes montagneuses. Le volcanisme apporte également sa contribution à la richesse biologique du pays.

La rencontre, au-dessus des montagnes du Costa Rica, des vents venus du Pacifique et de l’Atlantique crée un climat exceptionnellement favorable à la végétation. © Didier Raffi n. Imagenes Tropicales
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© Didier Raffin. Imagenes Tropicales
La rencontre, au-dessus des montagnes du Costa Rica, des vents venus du Pacifique et de l’Atlantique crée un climat exceptionnellement favorable à la végétation.
La rencontre, au-dessus des montagnes du Costa Rica, des vents venus du Pacifi que et de l’Atlantique crée un climat exceptionnellement favorable à la végétation. © Didier Raffi n. Imagenes Tropicales
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© Didier Raffin. Imagenes Tropicales

Cinq volcans sur les 160 que compte le Costa Rica sont encore actifs. Sa position et son relief ont fait de ce minuscule territoire un « corridor biologique » où s’est réalisé, il y a environ 2 millions d’années, ce que les scientifiques appellent une « connexion biogéographique » exceptionnelle.

Le Costa Rica est l’un des joyaux les plus précieux du patrimoine naturel de l’humanité. Son saccage ferait peser une lourde responsabilité sur ceux qui y participeraient ou ne l’empêcheraient pas.

En 1994, José Maria Figueres Olsen, fils de « Don Pepe », est élu président à son tour. Son objectif est de faire de son pays la « première véritable démocratie verte du XXIe siècle ». Figueres s’est fait connaître au-delà des frontières de son pays en imaginant le slogan : « Nous n’avons pas de planète B. » Il arrive au pouvoir deux ans seulement après la Conférence de Rio dont il recrute le secrétaire général, le très controversé Maurice Strong, au poste de conseiller pour toutes les questions – essentielles à ses yeux – de protection de l’environnement et de développement durable. Ensemble, ils installent le Costa Rica sur la voie d’une croissance durable fondée sur l’écotourisme, les parcs nationaux et la préservation de la biodiversité.

Vingt ans ont passé depuis que José Figueres n’est plus président du Costa Rica. Le statut d’exemple à suivre de ce tout petit pays est désormais universel. Le Costa Rica est classé troisième sur l’index des performances environnementales juste après l’Islande et la Suisse. La presque totalité de l’énergie consommée dans le pays est produite par des barrages hydroélectriques. Le barrage sur la rivière Reventazón au centre du pays a coûté 1,5 milliard de dollars. Le gigantesque ouvrage alimente à lui seul un tiers de la population du pays. Cette performance ne suffit pas. Le Costa Rica a lancé les études d’un nouvel ouvrage gigantesque. Le barrage El Diquis, quand il sera construit, sera la plus importante infrastructure hydroélectrique d’Amérique centrale. L’énergie propre qu’il produira permettra au Costa Rica d’afficher un bilan carbone neutre dans quelques années seulement. Les énergies fossiles sont taxées.

PARESSEUX_Le Costa Rica abrite 6% de toutes les espèces végétales et animales aujourd’hui recensées dans le monde. L’incroyable richesse de sa biodiversité en fait un véritable jardin d’Éden.
Le Costa Rica abrite 6% de toutes les espèces végétales et animales aujourd’hui recensées dans le monde. L’incroyable richesse de sa biodiversité en fait un véritable jardin d’Éden. © Ben Konfrst
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Les forêts du Costa Rica abritent 162 espèces de serpents, dont le plus dangereux de toute l’Amérique du Sud. Pourtant, les milliers de touristes qui visitent les parcs nationaux ont peu de risques de rencontrer une de ces vipères fer-de-lance.
Les forêts du Costa Rica abritent 162 espèces de serpents, dont le plus dangereux de toute l’Amérique du Sud. Pourtant, les milliers de touristes qui visitent les parcs nationaux ont peu de risques de rencontrer une de ces vipères fer-de-lance. © Alfonso Castro
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Guépard-Le Costa Rica abrite 6% de toutes les espèces végétales et animales aujourd’hui recensées dans le monde. L’incroyable richesse de sa biodiversité en fait un véritable jardin d’Éden.
© Omar Mena
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Les fonds récoltés servent à financer la restauration des forêts qui recouvrent désormais plus de la moitié du pays. L’écotourisme attire presque 3  millions de visiteurs étrangers chaque année alors que le Costa Rica ne compte qu’un peu moins de 5 millions d’habitants. La part de l’agriculture d’exportation – bananes et ananas – fortement dépendante des agrotoxiques, dans la richesse, du pays ne cesse de décroître. Le Costa Rica se prépare d’ailleurs à la fin de l’ère bananière de son histoire. La Cavendish est menacée à son tour par une nouvelle souche de champignon, qu’aucun produit chimique ne peut éradiquer.

Les manifestations contre l’extension des zones de cultures dédiées à l’ananas se multiplient. L’ananas représente pourtant 32’000 emplois et 10% de la valeur totale des exportations du Costa Rica, mais la population comme les autorités ont le sentiment que l’histoire économique du pays doit s’écrire en vert.

Le pays du bonheur

Tant d’années consacrées à consolider les bases d’une démocratie stable dans un environnement politique violent et corrompu ont profondément marqué la mentalité des habitants qui, tout entière, se résume dans une expression : « Pura Vida ». C’est par ces deux mots que l’on salue un ami. C’est en les prononçant que l’on se donne la force d’affronter les difficultés du quotidien ou que l’on se réjouit d’un bonheur inespéré. Tout ce qui arrive dans l’existence d’un homme est une manifestation de la « vie pure » qu’il faut accepter avec courage, détachement et reconnaissance. C’est comme si le pays tout entier avait gardé en mémoire le douloureux souvenir des siècles de misère passé où les plus pauvres ne pouvaient se vêtir que d’écorces. Tout au long de la période coloniale, le Costa Rica a végété, ignoré de ses maîtres espagnols, car on n’y trouvait pas d’or et que la nature y était si puissante que nul ne semblait pouvoir la domestiquer. Terre de relégation sans la moindre importance économique, enfer vert infesté de serpents et de vermine le Costa Rica a longtemps très mal porté son nom.

Aujourd’hui pourtant, le Costa Rica est considéré comme le plus heureux des pays. Ce bonheur patiemment édifié à l’écart des cataclysmes politiques qui ont si souvent frappé l’Amérique centrale a été scientifiquement mesuré. Le « Happy Planet Index » évalue la qualité de vie des nations en croisant quatre paramètres : l’espérance de vie en bonne santé, l’importance des écarts de revenus, l’impact écologique induit par le développement du pays étudié et enfin le sentiment général de bien-être de ses habitants. Le Costa Rica arrive régulièrement en tête de ce classement. Ses concurrents au titre de pays le plus heureux du monde ne sont guère nombreux. Aucune nation ne semble plus habile à « utiliser raisonnablement ses ressources écologiques pour offrir une longue vie en bonne santé » à ceux qui ont la chance de lui appartenir. Le Costa Rica est également parmi les nations les plus vertueuses en ce qui concerne les droits des travailleurs, la protection sociale, les opportunités d’investissement et la lutte contre la corruption.

 

Le Costa Rica devient la référence à suivre en matière de bonne gouvernance sociale, écologique et économique. Selon certains, la petite nation d’Amérique centrale aurait déjà inventé les solutions aux problèmes que l’humanité va devoir résoudre dans les prochaines années si elle veut – simplement – survivre. C’est le cas d’Edward O. Wilson, un biologiste et naturaliste américain, célèbre pour avoir fait passer le terme « biodiversité » dans le langage courant dès le milieu des années 1960. Wilson a été l’un des premiers parmi les scientifiques qui ont esquissé les contours de ce que sera la « sixième extinction », un phénomène de disparition massive des espèces d’une ampleur inédite depuis au moins 65 millions d’années. Si rien n’est fait pour enrayer immédiatement ce processus, un quart – peut-être la moitié – des espèces vivant dans les régions les plus riches en biodiversité de la planète auront totalement disparu d’ici à 2080. L’ultime recours, selon Wilson, serait de réserver la moitié de la surface de la planète (y compris les océans) à la nature. Ce réensauvagement (Rewilding) de la Terre pourrait paraître un projet totalement fou si ses partisans ne pouvaient s’appuyer sur l’expérience du Costa Rica. Dans le nord-ouest du pays, la zone de conservation de Guanacaste s’étend sur 163’000 hectares dans une partie du pays qui avait été presque entièrement stérilisée par la déforestation, la surpêche, le braconnage et l’usage irraisonné d’agrotoxiques. La zone de conservation de Guanacaste sert désormais de référence mondiale pour tous les projets à très grande échelle de restauration des forêts et des littoraux menacés, à travers l’implication directe des communautés humaines vivant sur place.

Au sud de Guanacaste, la péninsule de Nicoya a été identifiée comme l’une des rares « zones bleues » dispersées à la surface de la planète. Les habitants de ces régions ont statistiquement entre sept à dix fois plus de chances que les autres humains de vivre naturellement jusqu’à un âge canonique et en excellente santé. Ainsi, les bienheureux de Nicoya ont sept fois plus de chances de devenir des centenaires en excellente santé que des Japonais ou des Nord-Américains. La recette de cette longévité heureuse réside dans un subtil mélange de frugalité, de relation apaisée aux autres, de travail et du besoin de se sentir utile à ses proches.

L’activité des volcans conjuguée à l’infl uence des vents marins et de l’altitude donne au Costa Rica son climat très particulier. Cette bande de terre, au milieu de l’isthme américain, possède une biodiversité exceptionnelle.
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© Simon Dannhauer
L’activité des volcans conjuguée à l’infl uence des vents marins et de l’altitude donne au Costa Rica son climat très particulier. Cette bande de terre, au milieu de l’isthme américain, possède une biodiversité exceptionnelle.

La paix menacée

Les centenaires de Nicoya seraient donc les plus heureux parmi les habitants du pays du bonheur. Mais cette félicité est menacée. Les eaux du golfe de Nicoya seront mortes d’ici à 2030. La ressource en poissons a été détruite par la pratique de la surpêche depuis 1977. Les braconniers ne respectent plus la période de reproduction des poissons et le gouvernement ne disposant pas d’assez de bateaux armés est incapable d’imposer la loi. À mesure que les poissons disparaissent, les pêcheurs s’appauvrissent et deviennent de plus en plus sensibles aux propositions des trafiquants de drogue mexicains et colombiens. Les eaux du Costa Rica sont un point de passage obligé des Narcos dont les activités sont largement facilitées quand ils peuvent s’offrir les services de passeurs locaux.

Les trafiquants profitent également des efforts du gouvernement pour restaurer la jungle. Les forêts revenues à leur état originel offrent une multitude de planques aux Narcos et à leurs marchandises.

À proximité immédiate des écovillages et des plages paradisiaques, une guerre sans pitié oppose les gangs de Narcos. Le taux d’homicide au Costa Rica vient de dépasser un seuil que l’ONU considère comme très alarmant. L’épicentre de cette explosion de violence se situe autour de la ville de Puntarenas mais l’influence mortifère des Narcos risque de s’étendre aussi rapidement qu’un feu de forêt.

Les autorités ne disposant pas de forces armées semblent incapables de lutter contre les cartels. Le salut viendra probablement du reste du monde qui a contracté une dette morale énorme auprès du Costa Rica, ce tout petit pays qui a nous montré que le bonheur n’est pas un rêve.

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