N° 140 - Printemps 2023

Repenser le logement social

Le logement social n’a pas toujours bonne réputation. Mais les mentalités changent et l’architecture redonne de la dignité à ces constructions que les crises rendent plus que jamais nécessaires. Pour que petit salaire ne rime plus avec habitat précaire.

Les crises s’accumulent, les prix flambent et le logement social explose. Il fut un temps où la solution à ces problèmes était toute trouvée : entasser le plus vite possible une population dans des espaces bon marché, mais de piètre facture. Sans penser aux conséquences sociales de ces cités où la misère et l’exclusion ont fini par s’installer. Donner à tous un accès à un logement digne est une loi inscrite dans la plupart des constitutions, mais rarement appliquée. Ne pas répéter les erreurs du passé. En terminer avec l’image des cages à lapins du logement social, c’est le défi lancé aux architectes qu’ils relèvent désormais volontiers. En cela, la profession a changé. Le prestige ne se mesure plus au nombre de musées, de bâtiments administratifs, de stades, d’hôtels ou de villas construits. Mais aussi à la capacité de l’architecte à réfléchir le logement social en matière de qualité et de bien-être, d’écologie et d’économie sans pour autant dynamiter les budgets, surtout en période d’inflation galopante. Tout en pensant aux aménagements extérieurs autrement qu’avec un parking et trois arbres pour seule caution végétale.

Le Lebensraum o16
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(Studio MC)
Le Lebensraum o16 et sa façade disco-pop accueillent les sans-abris de Francfort.

Les plus précaires ne sont pas oubliés. Les exemples de résidences agréables et originales destinées à des sans-abris, à des femmes vulnérables ou aux personnes vivant sous le seuil de pauvreté prouvent que l’architecture est à même d’apporter le confort et le réconfort à ceux qui n’en ont plus. Même s’ils sont encore trop rares pour répondre à une demande grandissante, ces projets montrent que la prise de conscience est là et qu’elle encourage les pouvoirs publics ainsi que les organisations et les investisseurs privés.

Construire mieux, certes, mais adapter aussi ce qui existe, pour favoriser la durabilité. En Allemagne, on rénove les immeubles préfabriqués bâtis pendant l’après-guerre. Ces anciennes barres longtemps décriées, aussi bien en raison de leur esthétique que de leur absence d’isolation thermique, s’agrémentent de couleurs et sont équipées de balcons. Remises en conformité et redevenues désirables, elles sont aujourd’hui plébiscitées. Parce que le logement social n’est pas une fatalité, mais ce havre qui permet de vivre sa vie pour mieux affronter le tumulte du monde.

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