Marc Voltenauer. Lauréat du Prix littéraire SPG 2016 pour son roman Le Dragon du Muveran
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Marc Voltenauer. Lauréat du Prix littéraire SPG 2016. © Pedro Neto
N° 120 - Été 2016

Le mystère de Gryon enfin élucidé

Le Prix littéraire SPG 2016 a été décerné à Marc Voltenauer pour son livre « Le dragon du Muveran » aux éditions plaisir de lire, un roman policier de 661 pages qui débute par l’assassinat – et ce ne sera pas le seul – d’un promoteur immobilier. Alors, vengeance ou délire mystique ? Une histoire pleine de rebondissements à découvrir, mais aussi à suivre.

Pour ce troisième volet du Prix littéraire SPG, vingt-sept premiers romans étaient en lice. Par le nombre de contacts, de livres reçus et d’articles dans la presse, on peut dire que ce prix se fait sa place auprès des éditeurs, auteurs, libraires et de la presse culturelle. Parmi ces premières œuvres de fiction, on compte cette année près de six romans historiques, dont celui de Christian Campiche, Montbovon, aux Editions de l’Aire, et L’Enfant de Mers el-Kébir, Editions Encre Fraîche, de Sophie Colliex, qui a d’ailleurs déjà été récompensé par le premier prix ADELF–AMOPA de la première œuvre littéraire francophone. De belles plumes et de poignantes histoires qui méritent d’être découvertes.

Le lauréat du Prix littéraire SPG 2016. Né à Genève, Marc Voltenauer voulait, adolescent, devenir pasteur. Logiquement, il entreprend des études de théologie. Après avoir occupé des fonctions exécutives au sein des Unions Chrétiennes de Genève, il travaille pendant huit ans à la BCGE au département des ressources humaines. Un tour du monde suit pendant une année avec son compagnon. C’est au retour que tout se joue au niveau de l’écriture. Il passe cinq mois chez ses beaux-parents à Gryon où naît, voire surgit, Le Dragon du Muveran, inspiré d’une légende locale. Rencontre.

Prix littéraire SPG 2016. Les finalistes.
Prix littéraire SPG 2016. Les finalistes.

– Quant avez-vous décidé d’écrire « sérieusement » ?

– Je n’ai jamais rien écrit avant, à part les travaux obligatoires à l’école ! L’écriture, c’est une sorte de révélation. J’ai beaucoup lu, en revanche. A Gryon, j’ai trouvé l’ambiance et l’univers qu’il me fallait pour écrire. Tout a commencé en 2012, à Noël ; je me suis levé au milieu de la nuit et j’ai écrit le prologue. J’ai eu tout de suite beaucoup de facilité à écrire. Ensuite, je n’ai pas lâché mon roman qui m’a pris deux ans pour le terminer. Je l’ai souvent fait relire à ma mère, pas pour les fautes d’orthographe, mais parce qu’elle est fan de polars, elle est Suédoise. Ces retours m’ont beaucoup apporté, d’ailleurs je lui ai dédicacé mon livre.

– Comment l’histoire s’est-elle construite ?

– L’idée est d’abord venue grâce au lieu, Gryon, et puis cette légende locale du dragon m’a accroché. Des flammes, une maison en feu, une vengeance… la suite est venue presque naturellement.

– Quelles sont vos sources d’inspiration ?

– Je lis vraiment beaucoup de polars. Et des livres, des articles en lien avec cette thématique, c’est-à-dire sur des tueurs en série, des profilers, sur la psychologie et bien sûr la théologie. Pour les auteurs, évidemment Agatha Christie quand j’étais adolescent, puis Mankell, Nesbo, Mari Jungstedt, une auteur suédoise qui a écrit quelques polars dont l’histoire se déroule sur l’île de Gotland, qui est un lieu où j’ai aussi des racines familiales. Au fond, c’est surtout les ambiances ou les univers qui me parlent et la part d’ombre et de lumière qu’il y a en chacun de nous.

L’écriture, c’est une sorte de révélation.

– Comment avez-vous choisi votre éditeur ?

– J’ai adressé mon livre à plusieurs éditeurs en Suisse et notamment à Plaisir de lire dont la ligne éditoriale correspondait à mon profil et à mon histoire. Après l’envoi, j’ai reçu deux réponses positives dans les deux mois qui ont suivi. Ensuite, en moins d’un an le livre était en librairie. C’est assez exceptionnel comparé à d’autres auteurs. Récemment, les droits ont été achetés par Slatkine & Cie, filiale française de l’éditeur genevois, pour diffuser le livre en France, en Belgique et au Canada. Il sort le 25 août prochain, pour la rentrée littéraire. Des contacts sont aussi pris pour des traductions et un projet cinématographique est également à l’étude, pour une série ou un long métrage.

– Les enquêtes de l’inspecteur Andreas Auer et de son compagnon Mikael vont-elles se poursuivre ?

– Oui tout à fait, j’ai presque terminé le prochain livre.

– Qu’est-ce qui attire autant vos lecteurs ?

– Beaucoup ont été pris dans l’intrigue, me disent-il. L’ambiance du lieu aussi. Ils y trouvent quelque chose de lointain mais de connu à la fois, ça les fait voyager. Et puis le fait que ce soit bien écrit et agréable à lire ; c’est un compliment qui me touche beaucoup.

– Au palmarès des bonnes surprises qu’a suscitées ce premier roman, laquelle pourriez-vous citer ?

– Je me souviens du moment où j’ai tenu le livre dans mes mains, ce fut une sorte d’accomplissement. C’est quelque chose que j’ai réalisé, qui vient de moi et qui existe. A cela s’ajoute aujourd’hui un prix. Et une diffusion plus large de mon livre. Je suis vraiment ravi !

Les membres du jury (de droite à gauche) : Pascal Couchepin, Ancien Conseiller fédéral, Président d’honneur, Hélène Leibkutsch, Vice-présidente de la Société de Lecture de Genève et Présidente de la Commission de lecture, Mania Hahnloser, Présidente d’honneur de l’Alliance Française de Berne, Isabelle Falconnier, Présidente du Salon du livre et de la presse de Genève, Christine Esseiva, Directrice des publications SPG, Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE, éditeur et Président du jury.
Les membres du jury (de droite à gauche) : Pascal Couchepin, Ancien Conseiller fédéral, Président d’honneur, Hélène Leibkutsch, Vice-présidente de la Société de Lecture de Genève et Présidente de la Commission de lecture, Mania Hahnloser, Présidente d’honneur de l’Alliance Française de Berne, Isabelle Falconnier, Présidente du Salon du livre et de la presse de Genève, Christine Esseiva, Directrice des publications SPG, Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué de la SOCIÉTÉ PRIVÉE DE GÉRANCE, éditeur et Président du jury.

Les finalistes. Deux journalistes étaient dans le trio de tête, Catherine Bex et Benoît Aymon. La première s’est inspirée d’un fait divers. Elle a particulièrement séduit par son style vif et concis. Quant au second, il nous a fait « revivre » – car nous connaissons les grandes lignes de l’histoire – l’ascension du Cervin par Edward Whymper, le 14 juillet 1865, il y a plus de 150 ans.

« Cervin absolu » de Benoît Aymon, Editions Slatkine. On connaît l’histoire de l’ascension du Cervin par le Britannique Edward Whymper le 14 juillet 1865 et la tragédie qui s’ensuivit, la disparition de quatre compagnons de cordée. Pourtant l’auteur arrive à nous tenir en haleine tout au long du récit. Le primoromancier nous conte cette aventure à travers le regard et le cœur de deux femmes, l’une qui a réellement existé, Ethel, la fille de Whymper, et qui pour l’occasion devient la première femme journaliste à couvrir une enquête au Times, et Jeanne, née de l’imagination de l’auteur, une domestique au service de la famille Whymper. Ces deux personnages permettent ainsi d’incarner Whymper et de montrer la détermination de l’alpiniste et de ses compères. Les femmes sont très présentes dans ce roman, c’est ce qui fait aussi son originalité. L’histoire est captivante, rythmée. Le style est alerte.

« L’instant infime d’une respiration » de Catherine Bex, Editions Age d’Homme. Si certains romans tiennent en haleine, comme Le Dragon du Muveran, d’autres nous prennent à la gorge, dès le début, ils nous font suffoquer. Quelques mots lâchés dans un style haché et déjà on sent que quelque chose couve, forcément quelque chose de l’ordre du tragique. Le malaise s’installe. Chaque foulée du héros, un père de famille passionné de course à pied, nous rapproche d’une évidence, celle décrite dès les premières lignes du livre. Mais on n’ose pas y croire car tout semble normal dans cette vie de famille. Martin, facteur, est entouré de sa femme Camille et de ses deux enfants. Un troisième arrive bientôt. Vu de l’extérieur tout semble bien aller, sans aucun doute, sauf qu’à l’intérieur tout craque, ou bascule. Burn out, folie, délire mystique ? Un court récit qui se lit d’une traite, en reprenant à peine son souffle.

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