N° 138 - Été

Tête de gondole

Sa silhouette noire qui glisse sur les canaux donne à la sérénissime son atmosphère romantique. Et participe aussi à son image de carte postale. Sans gondoles, venise ne serait pas complètement venise.

L’HISTOIRE

Le mot gondole apparaît pour la première fois dans un décret vénitien de 1094. Son nom italien gondola est tiré du grec kontouros qui signifie « à courte queue ». Son design, lui, remonte au XVIe siècle. Il n’a pratiquement pas évolué depuis. Par tradition, deux ateliers distinctifs fabriquent encore aujourd’hui le bateau et les rames. Le squeri s’occupe du premier et les remeri des secondes. La construction d’une gondole nécessite un mois de travail. Cinq cents sont en circulation à Venise. Au XVIe siècle, on en dénombrait plus de 10’000.

LE GONDOLIER

Pas de gondole sans gondolier. Longtemps la charge se transmettait de père en fils. Depuis 1980, les gondoliers sont sélectionnés sur concours. Il s’agit de montrer sa maîtrise de l’aviron et le soin apporté au bateau, mais aussi sa grande courtoisie envers la clientèle, en plusieurs langues si possible. À noter que la première femme gondolière a été nommée en 2009.

LA COULEUR

Pourquoi les gondoles de Venise sont-elles noires ? La légende raconte que c’est en mémoire de l’épidémie de peste qui décima l’Europe au XIVe siècle. Plus prosaïquement, cette couleur uniforme a été imposée en 1562 pour stopper la concurrence galopante entre les riches vénitiens qui se ruinaient pour parader dans l’embarcation la plus décorée.

LE DESIGN

La gondole mesure 10,8 mètres de long, 1,38 mètre de large et pèse 600 kilos. Elle est constituée de chêne, de mélèze, de noyer, de cerisier, de tilleul, de cèdre, d’acajou, et de sapin. La rame, longue de 4,2 mètres, est taillée dans un bois exotique. Elle se manœuvre avec précision grâce à la forcola contre laquelle elle s’appuie. Spécifique à chaque gondolier, cette pièce de noyer, ou de cerisier, est taillée sur mesure en fonction de celui qui l’utilise.

« FERRO DE PRUA »

C’est le nom de l’élément métallique emblématique de l’embarcation qui, par son poids, en assure la stabilité. Fixée au XVIIe siècle, sa forme étrange a suscité toutes les hypothèses. Elle est, en fait, très symbolique. Les six barres horizontales représentent les six quartiers (sestieri) de Venise, tandis que celle, à l’arrière, évoque l’île de la Giudecca et l’espace arrondi entre la première barre et la partie haute de la figure de proue, le pont du Rialto. Son dessin en « S » exprime, de manière stylisée, le Grand Canal terminé par le chapeau d’un doge, dirigeant de la république de Venise entre 726 et 1797.

Footnotes

Rubriques
Design

Continuer votre lecture