Exemples d’une alimentation durable.
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N° 134 - Printemps 2021

Les nouveaux business des aliments

Trouver des solutions pour se nourrir plus sainement et plus durablement, c’est la mission des start-up foodtech. toujours plus nombreuses sur l’arc lémanique, elles peuvent s’appuyer sur un écosystème innovant et une demande des consommateurs dopée par la pandémie.

Il y a encore peu de temps, les start-up foodtech faisaient doucement sourire les géants de l’alimentaire. Ce n’est plus le cas comme le rappelle Camille Bossel, cofondatrice de Foodhack, un tremplin pour les entrepreneurs du secteur : « L’intérêt croissant pour la foodtech, en Suisse comme ailleurs, est directement lié à la demande de la part des consommateurs pour des produits plus sains, durables et respectueux de l’environnement. Une nouvelle génération fait pression sur l’industrie agroalimentaire pour avoir accès à des produits en accord avec leurs valeurs, mais les acteurs traditionnels ont tardé à réagir, par conséquent toute une série de jeunes entreprises, plus agiles, a profité de cette opportunité pour amener sur le marché leurs propres solutions. » Un avis partagé par Suzanne Hraba-Renevey, CEO de BusinessIn : « Tous les ingrédients sont réunis dans notre pays avec un tissu de grandes entreprises et de PME innovantes, des hubs académiques performants, un écosystème de start-up vibrant et un terrain d’expérimentation fertile. »

Les fondateurs d’AgroSustain.
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© AgroSustain
Olga Dubey entourée de Jean-Pascal Aribot et Sylvain Dubey dans leur laboratoire de Changins. Les fondateurs d’AgroSustain proposent des solutions organiques pour protéger et améliorer la résistance des produits agroalimentaires.

C’est dans cette optique qu’a été lancée la Swiss Food & Nutrition Valley, une initiative regroupant le Canton de Vaud, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), l’EHL Group et le géant Nestlé.

But avoué ? Renforcer l’écosystème existant et attirer des talents, des start-up et des investissements dans la région. De quoi enthousiasmer Stefan Palzer, Chief Technology Officer chez Nestlé : « Ensemble, nous pouvons relever plus efficacement les défis mondiaux tels qu’une alimentation délicieuse, nutritive et abordable pour tous, un emballage durable et l’atténuation du changement climatique. »

Pour y parvenir, le secteur de la foodtech peut s’appuyer sur des investissements annuels d’environ 2,6 milliards de francs. Un montant qui devrait prendre l’ascenseur ces prochaines années.

RÉDUIRE LE GASPILLAGE

D’autant que les secteurs porteurs ne manquent pas selon Suzanne Hraba-Renevey : « On peut citer le traitement différencié des cultures (avec des start-up comme Ecorobotix, SenseFly, Gamaya ou Agrosustain), la consommation locale et l’économie circulaire (Farmy, La Petite Épicerie), la réduction des déchets (Kitro, Too Good To Go), les protéines alternatives (Planted, Alver), l’alimentation personnalisée (Mixfit, Flavorwiki, PrecisionVine) ou encore la commande en ligne (Youpaq, Magic Tomato et Procsea). » Autant de start-up qui connaissent un succès sans précédent.

La start-up Kitro chasse le gaspillage alimentaire.
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© Kitro
La start-up Kitro chasse le gaspillage alimentaire grâce à sa caméra qui pèse et repère la nourriture jetée à la poubelle.

C’est le cas de Too Good To Go, dont l’application compte un million d’utilisateurs en Suisse : « Chaque jour, nous aidons les gens à réduire le gaspillage alimentaire en les mettant en contact avec des boulangeries, des restaurants ou des épiceries, se félicite Alina Swirski, responsable suisse de l’entreprise. Depuis 2018, nous avons sauvé 1,8 million de repas dans le pays. » Quant aux consommateurs, ils semblent plus réceptifs à l’idée de découvrir de nouveaux produits. Cela semble être le cas pour les viandes et les laits sans protéines animales, dont le nombre continue de croître. Avec des impacts éthiques et écologiques positifs, ils suscitent l’attention d’un public sensible à ces questions (lire encadré : La fin des carnivores).

RÉVOLUTION AGRICOLE

Comme les autres économies digitalisées, la foodtech profite également des effets de la pandémie de Covid-19 comme le souligne Andrea Tassistro, fondateur de Foodetective : « Le secteur de la restauration a montré une accélération de l’adoption digitale avec une augmentation du delivery & take away. »

Exemples d’une alimentation durable.
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La pandémie de Covid-19 a accéléré le désir d’une alimentation durable.

Ce que confirme Sandrine Doppler, consultante en transition alimentaire et innovation : «Les restaurateurs avaient beaucoup de retard au niveau de la livraison, d’e-commerce ou de la vente à emporter. Ils ont été contraints de s’y mettre pour compenser les pertes dues aux divers confinements.» Camille Bossel ajoute : «La situation sanitaire a réellement mis en lumière le lien entre santé et alimentation, ainsi que notre dépendance à un système de production globalisé.»

Pour répondre à ces nouvelles aspirations en matière d’alimentation durable, la start-up vaudoise CleanGreens a développé une technologie agricole hors-sol mobile : «Elle permet des cultures ayant très peu d’impact environnemental : aucun pesticide, aucun traitement et une consommation d’eau réduite d’au moins 90%, s’enthousiasme Céline Calais, directrice des opérations de Combagroup. Nos systèmes peuvent être implantés à proximité des lieux de distribution afin de réduire le transport.

Mine Uran, fondatrice d'Alver.
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© Avieta Classens
Ancienne directrice de recherche chez Nestlé, Mine Uran a fondé Alver en 2016 dans le canton de Fribourg. Son but ? Remplacer les protéines animales de notre alimentation par la Golden Chlorella, un super aliment composé de microalgues.

En outre, ils permettent aux maraîchers de produire de manière rentable des légumes et des herbes aromatiques à la qualité constante. Notre plan de développement en Suisse et à l’international permettra d’ici à 2024 d’économiser 45 millions de tonnes de CO2 et l’équivalent de 5’200 bassins olympiques d’eau. » Avant d’ajouter : « Manger sainement, responsable et local devient une tendance grandissante et nous allons sans nul doute voir une éclosion d’idées et une émulation parmi les entreprises du secteur. »

Andrea Tassistro va encore plus loin : « Les prochaines années vont être aussi excitantes qu’innovantes. Nous sommes au début du changement le plus profond, le plus rapide et le plus conséquent de la restauration, la production alimentaire et agricole depuis la première domestication des plantes et des animaux il y a dix mille ans. Il ne s’agit donc pas d’un seul bouleversement, mais de plusieurs en parallèle, chacun se chevauchant, se renforçant et s’accélérant. » Un optimisme partagé par Suzanne Hraba-Renevey : « Il y a une vraie nécessité de nourrir une population en augmentation constante tout en réduisant l’impact environnemental. La capacité d’innover le long de la chaîne de valeurs sera fortement stimulée par cette exigence. »

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