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La fumée de la paix

La longue pipe des Amérindiens servait à apaiser les tensions sociales. Mais son usage premier était d'entrer en contact avec Wakan Tanka, le grand esprit.

L’ÉTYMOLOGIE

Le mot calumet (du grec kalamos, le roseau, mais aussi de « chalumeau » en patois normand), apparaît pour la première fois dans l’Histoire de la Nouvelle-France publiée en 1612 par Marc Lescarbot, écrivain et voyageur picard qui résida, un temps, en Acadie. L’aventurier utilise également le mot de pétunoir pour cette pipe, terme dérivé de pétun, qui désignait le tabac chez les Guaranis du Brésil.

L’ORIGINE

Son usage est d’abord attesté chez les peuples qui occupent les grandes plaines de l’Amérique du Nord. Le calumet y tient le rôle d’autel portatif, la fumée en s’élevant permettant d’entrer en communication avec Wakan Tanka, le Grand esprit. C’est donc avant tout un objet religieux. Une notion qui échappa aux observateurs étrangers pour qui fumer le calumet ne servait qu’à faire la paix.

Le calumet de la paix.
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(DR)
Le calumet de la paix.

LE DESIGN

Le tuyau est généralement en bois richement sculpté. Le fourneau, lui, est le plus souvent en catlinite, pierre rouge extraite d’un lieu sacré du Minnesota et dont la couleur symbolisait le sang de la terre. Les deux parties de la pipe sont rangées séparément dans un étui de cuir décoré de perle ou de tissage d’épines de porc-épic. Elles ne sont assemblées que lors des cérémonies.

LE RITUEL

Avant de le fumer, le calumet est présenté dans les quatre directions, cela afin de l’unir au monde qui l’entoure. Il est ensuite donné aux participants du côté de la tige, jamais du fourneau. Le foyer est bourré avec un mélange de tabac et d’herbes (cornouiller, sauge, menthe) qui faisait, raconte l’histoire, passablement tousser les étrangers lors des signatures de traités.

L’INTERDICTION

Les missionnaires tentèrent d’interdire cet objet de vénération considéré comme un instrument maléfique. En vain, les pratiques culturelles et cultuelles faisant appel au calumet étant alors trop profondément enracinées. L’objet possède d’ailleurs son propre gardien. Aujourd’hui, c’est Arvol Looking Horse, chef Lakota, à qui revient l’honneur de cet office. Il est le 19e gardien du calumet sacré, celui des origines qui, selon la légende, aurait été offert aux Amérindiens par « la femme bison blanc » pour parler au Grand esprit.

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