N° 145 - Automne 2024

Le beau existe-t-il encore ?

Qu’est-ce que la beauté en 2024 ? Vaste sujet, le concept revêtant désormais mille esthétiques. Seule certitude : dans notre monde qui déchante, faire le beau, quel qu’il soit, est plus nécessaire que jamais.

Consacrer un dossier à la beauté ? Vraiment, dans notre époque en plein chaos ? Et pourquoi pas, justement ? Les crises ne sont-elles pas toujours propices à se poser des questions fondamentales ? Dans notre XXIe siècle bouleversé, la notion de beauté a-t-elle encore un sens ? A-t-elle à ce point changé depuis l’Antiquité ?

Les canons ne sont plus les mêmes. L’inclusivité a fait accepter des anatomies qui, autrefois, sortaient du cadre. Elle a mis en lumière des profils et des minorités qui n’avaient, jusqu’à présent, pas voix au chapitre. Pour le reste ? Les Grecs anciens considéraient que la beauté était aussi une affaire de morale. Étaient beaux celles et ceux qui était bons.

Au XIXe siècle, les romantiques trouvaient de la beauté dans les tourments de l’esprit et du sublime dans des paysages parfois désolés. Le XXe nous a ainsi appris le statut particulier du beau. Car point de beauté sans son alter ego : la laideur. « Le laid peut être beau, le joli, jamais », écrivait Paul Gauguin. Tandis qu’ailleurs, comme au Japon, on répare les poteries brisées avec de l’or. Cette manière d’insister sur la fracture, loin de l’enlaidir, rend ainsi la céramique plus belle.

Parler de beauté en 2024, ce n’est plus aborder le sujet à l’aune du seul point de vue esthétique, celui qui tourne en boucle sur les réseaux où tout le monde se compare, et donc se désole. C’est aussi, comme dans l’Antiquité, la considérer comme une valeur de l’esprit au-delà des diktats des apparences. En cela, la beauté est avant tout une affaire d’émotion personnelle, une manière capable, peut-être, de réparer le monde. Et c’est peut-être cela qui est le plus beau.

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