N° 135 - Été 2021

Le dollar de Roosevelet

À l’heure des cryptomonnaies, il est toujours vaillant. Petite histoire du billet vert qui règne depuis plus de cinquante ans sur l’économie mondiale.

#135 – Design – Le dollar de Roosevelet
Le dollar de Roosevelet.

L’ÉTYMOLOGIE

Le nom dollar vient d’une déformation de thaler ou daler, monnaie d’argent qui circulait en Allemagne entre les XVIe et XVIIe siècles. Lequel thaler inspirera la « pièce de huit » , plus connue sous le nom de peso, frappée par l’empire espagnol et que les Anglais baptisèrent spanish dollar. Elle servira d’étalon pour établir le dollar américain que le Congrès de la Confédération adoptera comme monnaie officielle en 1792.

LES SYMBOLES

Le billet de 1 dollar est le seul dont le verso ne porte pas la représentation d’une grande institution américaine. À la place, deux médaillons sur lesquels les exégètes se perdent en conjectures et où le chiffre 13 se trouve absolument partout : dans le nombre d’étoiles, de rayures et de flèches. Histoire de rappeler que le pays est né en 1776 de la réunion de treize États. Mais ce sont la pyramide et son oeil qui intriguent. Pour certains, cet oeil de la Providence, manière de représenter l’omniscience de Dieu sur l’humanité, serait un symbole maçonnique à peine caché, l’oeil divin étant souvent représenté chez les francs-maçons dans un triangle. Il prouverait ainsi l’influence de l’ordre dans la création des États-Unis, George Washington, premier président du pays, étant un frère, tout comme Franklin D. Roosevelt, qui valida le design du billet de 1 dollar en 1935.

LE SIGLE

Le sigle $ serait une évolution de « PS » l’abréviation du peso à la fin du XVIIIe siècle. Une seconde explication voudrait que le $ soit l’interprétation graphique des piliers d’Hercule qui apparaissent sur ce même peso, représentés par deux barres verticales autour desquelles s’enroulent des bandes de tissu en forme de S.

#135 – Design – Le dollar de Roosevelet.
Le dollar de Roosevelet.

LA DEVISE

La formule « In God We Trust » imprimée sur chaque billet depuis 1955 est d’abord apparue en 1864, à la fin de la guerre de Sécession, sur les pièces de 2 cents. La phrase vient du dernier vers de The Star-Spangled Banner (La dernière bannière étoilée) poème de Francis Scott Key devenu, en 1931, l’hymne national des États-Unis.

LA COULEUR

Pourquoi cette couleur verte par laquelle on désigne désormais la monnaie américaine ? Pour combattre les contrefaçons ! Les encres de couleur utilisées dans la fabrication des premiers billets, dès 1861, sèchent mal. Au point qu’en trempant un billet dans du solvant, elles disparaissent, à l’exception de l’encre noire. Il suffit alors aux faussaires de reproduire ce billet « lavé » par un système photographique et d’y ajouter à la main les éléments colorés manquants. Pour enrayer un trafic de fausse monnaie qui va grandissant, le graveur Tracy R. Edson va développer à partir des années 1870 une encre parfaitement indélébile dont le processus chimique complexe lui donne sa teinte verte caractéristique.

LES PORTRAITS

George Washington, Abraham Lincoln, Andrew Jackson, Ulysses S. Grant, Benjamin Franklin. Les portraits qui figurent sur les billets verts n’ont pratiquement pas changé depuis le début du XXe siècle, date à laquelle ils apparaissent. Alors oui, il y a là beaucoup de grands hommes, mais aucune femme, et encore moins d’Afro-Américains. En 2016, le secrétaire au Trésor annonçait qu’Harriet Tubman, ancienne esclave, militante abolitionniste, combattante durant la guerre de Sécession et pionnière du droit de vote des femmes, remplacerait Andrew Jackson sur le billet de 20 dollars à partir de 2020. Reporté par Donald Trump, le processus a été relancé par Joe Biden.

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