L'étang fluorescent à l’intérieur de la Fondation Beyeler.
x
(Mark Niedermann, courtoisie de l’artiste ; neugerriemschneider, Berlin; Tanya Bonakdar Gallery, New York / Los Angeles, © 2021 Olafur Eliasson)
N° 136 - Automne 2021

L’art grandeur nature

Elle inspire les artistes depuis toujours. Source d’inquiétude et de défi pour un avenir meilleur, mais aussi d’enchantement et de liberté, la nature est ainsi devenue une cause artistique qui fait réfléchir.

Le Kunsthaus de Zurich exposait il y a quelques mois les peintures de Gerhard Richter, mais uniquement les paysages de l’artiste allemand. De son côté, à Bâle l’année dernière, la Fondation Beyeler consacrait tout un accrochage à ceux d’Edward Hopper, juste avant de laisser le danois Olafur Eliasson transformer certaines des salles d’exposition en mares fluorescentes en hommage aux Nymphéas de Monet que possède la fondation. Le visiteur traversait cet écosystème sur des passerelles. Comme son nom l’indiquait, l’installation Life prenait le parti de l’art pour attirer l’attention sur la fragilité de la vie et des beautés de cette nature en éclosion, imaginée comme un tableau.

L'étang fluorescent à l’intérieur de la Fondation Beyeler.
x
(Mark Niedermann, courtoisie de l’artiste ; neugerriemschneider, Berlin; Tanya Bonakdar Gallery, New York / Los Angeles, © 2021 Olafur Eliasson)
En 2021, l’artiste danois Olafur Eliasson créait un étang fluorescent à l’intérieur de la Fondation Beyeler.

En art, l’idée de représenter la vraie nature est tardive. Jusqu’au XIXe siècle, elle n’est qu’un décor imaginaire dont les peintres se servent pour illustrer des histoires de dieux omnipotents et de monarques puissants. Avant de devenir un sujet comme un autre grâce, notamment, à l’essor de la photographie. Au même titre que le genre et les inégalités, elle est aujourd’hui un sujet de société qui inspire la création. La prise de conscience écologique est bien sûr passée par là. Le marché aussi qui pousse parfois à l’opportunisme, mais il n’y a pas que cela. Si les artistes qui expriment l’état du monde s’en sont naturellement emparés, c’est aussi parce que la nature traduit le besoin qu’a notre époque troublée de souffler et de se réenchanter. Ses merveilles fascinaient les princes italiens du XVe siècle. Ses richesses que l’on redécouvre aujourd’hui nourrissent notre curiosité et notre fantaisie poétique. On ne sait toujours pas si l’art, un jour, sauvera le monde, mais la nature, elle, c’est certain, y contribue.

Footnotes

Rubriques
Dossiers

Continuer votre lecture